Nouveaux outils de planification territoriale ou comment   le Gouvernement bruxellois rate sa réforme

Nouveaux outils de planification territoriale ou comment le Gouvernement bruxellois rate sa réforme

 

Ce vendredi le Parlement entérine la tant attendue grande réforme des outils de l'Aménagement du territoire en Région bruxelloise. Pièce maîtresse de ce chapitre de la déclaration de politique régionale, la refonte proposée par le Gouvernement bruxellois est loin d'être convaincante .

La transversalité annoncée, la souplesse attendue, laissent finalement place à une opacité et une lourdeur que l'on pensait appartenir au passé. Les belles avancées de la dernière décennie avec la création du Bouwmeester (Maître architecte), l'affirmation du rôle de l'ADT (Agence de développement territorial créée en 2008) et la mutation progressive de CityDev en aménageur urbain (ex SDRB – Société de développement pour la Région bruxelloise) semblent mis au placard. Plutôt que de renforcer les outils existants le Gouvernement bruxellois fait en quelque sorte « tabula rasa » en engloutissant le Bouwmeester, disloquant l'ADT, isolant CityDev, absorbant l'IBSA ( institut de statistiques).

On crée un mastodonte – le Bureau bruxellois de la Planification (BBP) - et une « boîte noire »- la Société d'Aménagement urbain (SAU) - sous tutelle unique du Ministre en charge du Développement territorial, en l'occurrence le Ministre Président socialiste Rudi Vervoort.

Une année de réflexion du nouveau gouvernement aboutit à un remaniement des outils, qui risque finalement de ralentir la machine mise en place ces dernières années. Ecolo défend depuis longtemps l'idée d'un Aménageur urbain et d'une Agence de l'Urbanisme en charge du développement urbain sur tout le territoire régional, et a travaillé en ce sens durant les dix années passées. Deux structures souples et modernes pouvaient être créées à partir de l'ADT et de CityDev, afin d' assurer une vision d'ensemble et des moyens pour le développement des 11 zones stratégiques et des 10 quartiers prioritaires, tout en assurant coordination et transversalité tant avec Bruxelles Environnement que la STIB, Bruxelles-Propreté, et tous les autres acteurs de la Région.

Le Bureau bruxellois de la Planification aura la lourdeur de son appellation qui nous ramène trente ans en arrière et se trouve fortement éloigné d'un exemple de bonne gouvernance. Mise sous tutelle d'organismes dont l'indépendance est primordiale, à l'instar de l'IBSA , manque de transversalité (une série d'acteurs et d'observatoires sont soit absents, soit relégués au second plan), flou total quant au statut et recrutement de son personnel, risque de coût plus élevé et de perte de temps pour la mise sur pied… La nouvelle structure pensée par le Gouvernement laisse percevoir une vision étriquée, lourde, dépassée, loin des intérêts des Bruxelloises et Bruxellois, et de la Région.

Quant à la SAU , nouvel opérateur de développement remplaçant la SAF (Société d’acquisition foncière), elle se retrouve de par son statut hors de tout contrôle budgétaire et parlementaire, alors qu'il devra piloter l'aménagement de quartiers stratégiques.

Cette réforme est clairement un rendez vous manqué et une opportunité ratée de créer, à l'instar d'autres grandes villes européennes, un véritable outil de planification de la Région qui en fasse une ville à la pointe en matière de modernité, de durabilité, et de qualité de vie pour ses habitants.

 

Evelyne HUYTEBROECK

députée bruxelloise

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