La justice transitionnelle : une voie pour la démocratie tunisienne ?
28 mars 2013Par Vincent Lurquin
La dictature est-elle soluble dans la démocratie ? Oui, mais encore faut-il un solvant. Parce que si la démocratie, cela ne se décrète pas, la dictature ne disparait comme cela, d’un claquement de doigt.
Ils le savent bien, les Tunisiens,… Il a fallu des dizaines d’années de souffrance, le martyr de Bouerzizi, une Révolution pour chasser Ben Ali.
Mais Ben Ali, chaque Tunisien que nous rencontrons nous le dit et le redit, ce n’est pas seulement un homme, c’est un système économico-politico-militaro-financier. Et ce système là, il n’a pas embarqué dans l’avion du Président déchu.
D’où la question d’un des premiers séminaires du Forum social : la justice transitionnelle est-elle une voie pour la démocratie tunisienne ?
Parce qu’on ne peut pas simplement tourner la page, nous dit un avocat. Parce que chaque intervenant insiste sur la nécessité d’établir les responsabilités, de rendre justice aux victimes, de permettre la réconciliation. De préserver simplement la mémoire.
Une justice transitionnelle, urgente, immédiate, est nécessaire parce que la justice ordinaire ne peut faire face à un tel nombre de procès. Sur cela tous s’accordent.
Mais ensuite, le débat s’inverse. Ce sont les intervenants qui posent des questions à la salle, à ces femmes et ces hommes, ces ONG, ces parlementaires et Ministres qui viennent de tous les pays du monde.
Pourquoi ne pas nous aider ?
A avoir cette justice « ordinaire », celle faite de Cour et de Tribunaux, de magistrats et d’avocats qui auraient les moyens de rendre cette justice, indépendante, sans laquelle la démocratie est impossible
A concevoir une justice « mixte », aidée par cette justice internationale qui s’est déplacée en ex-Yougoslavie, au Rwanda, au Cambodge, au Liban,…Pourquoi ne pas aider cette révolution tunisienne, berceau reconnu du printemps arabe ?
Une justice, cela se construit : ordinaire, transitionnelle, de compétence universelle, internationale. Mais pour qu’elle soit garant de nos droits, la Forum social nous rappelle qu’elle doit avant tout s’articuler sur un autre fondement : la volonté politique.