Logo Actiris FrRappelez-vous, il y a une dizaine de jours, la RTBF annonçait le lancement d’un nouveau programme centré sur des candidats en quête d'un travail ou exerçant un métier qui ne leur convient plus. Lors de chaque émission, les candidats devraient relever un défi exceptionnel pour "séduire et  convaincre un futur employeur" car  "envoyer un CV est souvent loin d'être suffisant pour se faire engager. Il faut parfois employer tous les moyens pour intéresser un chef d'entreprise et trouver le travail de ses rêves" (sic).

 

Qu'il faille utiliser tous les moyens pour trouver un travail, tout court, c'est pour l'instant une réalité. Dans le  contexte actuel de crise et de difficultés quotidiennes pour les demandeurs d'emploi, la décision de lancer une émission de téléréalité sur ce sujet nous a semblé non seulement cynique, mais également choquante et inquiétante, comme le relevaient un grand nombre d’internautes.

 

Plus étonnant encore dans ce dossier, les demandeurs d'emploi inscrits auprès d'Actiris ont reçu une newsletter relayant cet appel à candidatures de la RTBF alors que cet appel ne constitue, jusqu’à nouvel ordre, ni une offre d'emploi, ni une offre de formation, encore moins un stage.

 

Face au feu des critiques envoyées par les réseaux sociaux et les professionnels, la RTBF et Actiris ont entre-temps décidé de suspendre la production de cette émission pour, selon le directeur général d'Actiris, "prendre le temps de se concerter avec la RTBF et d'évaluer la situation".

 

La dernière réunion de la commission des Affaires Economiques du Parlement bruxellois a permis de faire le point sur ce dossier avec la Ministre bruxelloise de l’Emploi. La Ministre a mis en avant un certains nombres de garanties et de balises  liées à la nature des intervenants, aux modalités d’organisation de l’émission et au résultat final. Ces garanties ou balises ont été formalisées dans une convention entre Actiris et les producteurs de l’émission. Dans le cadre de cette campagne, l'intervention d'Actiris était conçue comme un parrainage articulé autour d'une mission de conseil. C'est ce « savoir-faire » là qu'Actiris proposait de mettre en évidence et qui est concrétisé par les engagements que la convention fait peser non pas sur Actiris, mais bien sur le producteur de l'émission.

 

A ses dires, ces engagements garantissaient :

- l'intervention d'un coach spécialisé dans l'encadrement des chercheurs d'emploi et représentant Actiris dans  le cadre des actions menées par les candidats dans leur recherche la participation d'Actiris dans les capsules devant ponctuer l'émission diffusée et portant sur des sujets assez divers comme la Garantie pour la jeunesse, les chèques langue et différents aspects du travail réalisé par Actiris ;

- la mise en valeur de chercheurs d'emploi qui seraient passés par un service de recrutement d'Actiris ;

-le fait, pour les candidats, de bénéficier d'un chèque langue, d'un chèque TIC ou d'une formation.

 

Les autres garanties porteraient sur le nombre d'émissions à produire, soit cinq émissions de 75minutes, et sur le « placement de la marque ».

 

La Ministre estime que ces garanties sont suffisamment indicatives de la manière dont la démarche allait être traitée, pour refléter la réalité des actions des chercheurs d'emploi en vue de leurs démarches, Actiris jouant dans ce cadre à la fois un rôle de garant et de conseil.

 

La convention prévoit aussi un droit de retrait ou de modification, qui permet à Actiris de réagir pleinement si, malgré tout, le programme n'était pas conforme à son niveau  d'exigence.

 

Pour la Ministre, le parrainage d'une telle émission offre à Actiris « une opportunité de visibilité et de positionnement à un coût sans aucune commune mesure avec le coût d'une campagne ordinaire de moyenne importance ».

 

Considérant cette réponse, nous avons rappelé notre perplexité quant à l’opportunité d’une telle initiative. Il s’agit d’un projet, sans émission pilote mais pour lequel Actiris a non seulement déjà marqué son intérêt mais a aussi utilisé un fichier de demandeurs d'emploi en vue de diffuser cette information. De ce fait, et sans même avoir de garantie sur le type de résultat attendu, Actiris a manifesté clairement son soutien à cette initiative.

 

À l'heure où les moyens ne sont pas suffisants pour proposer un accompagnement de qualité à l'ensemble des demandeurs d'emploi de la Région de Bruxelles-Capitale, nous trouvons particulièrement déplacé de sélectionner un certain nombre de candidats de différentes origines, sexe et profils. Sur quelles bases sélectionnerait-on ces personnes participantes en sachant que cela leur permettra certainement d'améliorer leur visibilité et de décrocher un emploi?

 

A la discrimination à l'embauche dont on a déjà souvent parlé viendrait s'ajouter une discrimination cathodique que je trouverais  absolument regrettable.

 

Par rapport à cette question de fond, nous entendons que le projet est suspendu. Nous souhaitons qu’il soit abandonné.

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