Conférence de Durban sur le Climat
12 déc. 201112 décembre 2011 | L’accord conclu au bout de la nuit par les délégations des 190 pays présents à Durban ne permettra pas, en l’état, de limiter le dérèglement climatique mais il donne enfin la marche à suivre et relance concrètement la dynamique qui permettra de donner un successeur mondial au protocole de Kyoto.
Pour les écologistes, malgré ses insuffisances au regard de l’urgence de la lutte contre le dérèglement climatique, l’accord de Durban est un soulagement après un processus de dramatisation de plus de deux jours supplémentaires qui aurait pu déboucher sur un échec total.
Certains principes de l’accord conclu sont en effet essentiels et ont permis de sauver du pire : un arrêt net du protocole de Kyoto, qui reste à ce jour le seul traité climatique contraignant au niveau international.
Les prévisions des experts du GIEC sur le dérèglement climatique sont cependant sans appel : sans une politique ambitieuse et coordonnée sur le plan international pour réduire les émissions de CO2, la planète se réchauffera de 4 degrés d’ici la fin du siècle, ce qui serait catastrophique tant sur le plan environnemental (multiplication du nombre de catastrophes naturelles, atteintes à la biodiversité,…) qu’au niveau humain, vu la dégradation prévisible des conditions de vie dans certains régions du monde et les tensions que cela engendrera.
Face à ces enjeux, l’accord conclu à Durban est évidemment très largement insuffisant. Il constitue néanmoins un jalon important, pour plusieurs raisons :
l’accord maintient des acquis : le protocole de Kyoto sera prolongé même si la période de prolongation ne sera décidée qu’en décembre2012 à Doha (COP 18) et bien que certains pays ne respecteront pas leurs engagements ou ont annoncé leur retrait (Canada) ;
l’accord opérationnalise un « fonds vert » de 100 milliards d’euros destiné à aider les pays en développement à lutter contre le dérèglement climatique, même si le financement à long terme de ce dernier n’est pas encore assuré par des mesures récurrentes (taxes sur les émissions du transport aérien et maritime ou sur les transactions financières, par exemple) ;
les pays participants à la Conférence de Durban, dont les pays reconnus pour être les principaux émetteurs de CO2 (Chine, Inde, Etats-Unis…), se sont également engagés à se soumettre en 2015 à un traité juridiquement contraignant en matière climatique, ce qui était la principale revendication de l’Union européenne et de la délégation belge emmenée par la ministre bruxelloise, Evelyne Huyttebroek soutenue notamment par le Ministre wallon de l’environnement Philippe Henry
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Ecolo salue particulièrement la maitrise, la créativité et l’efficacité de l’équipe d’experts Belges emmenée par Peter Witthoek qui a travaillé en pleine complémentarité avec les différents niveaux de décision belges et en pleine transparence avec les acteurs belges de la société civile. L’Union européenne, notamment avec sa Commissaire Européenne, a également retrouvé sa place au cœur des débats et comme la délégation belge, a contribué au sauvetage du processus.
Pour Ecolo, les accords de Durban devront être traduits concrètement dans les faits pour prendre tout leur sens. D’ici là, il importe surtout que chaque pays engagé par l’accord se montre cohérent dans ses politiques nationales en matière climatique. Au niveau belge, le gouvernement fédéral a notamment la responsabilité de proposer un accord sur la répartition des efforts à faire en matière de réductions des émissions de CO2 entre les différentes entités du pays.
Les Régions wallonne et bruxelloise ont, quant à elles, d’ores et déjà affiché leurs ambitions en se fixant des objectifs supérieurs aux recommandations européennes. Les Verts engagent l’Etat fédéral à rejoindre cette détermination en développant des politiques plus volontaristes dans ses compétences, et appellent également l’Union européenne à renforcer sans attendre son ambition climatique. Partout, il convient d’accélérer la transition écologique de notre société aux bénéfices de l’environnement, de l’économie et du bien-être de nos concitoyens.