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Eolienne

Le débat sur l’énergie est vif actuellement dans les différents parlements de notre pays. La politique en matière d’énergie renouvelable est au cœur de ce débat. C’est une bonne chose car nombre d’activités économiques et d’emplois en dépendent, à condition cependant de prendre les bonnes décisions politiques.


D’ici à 2020, 13% de la consommation finale d’énergie de la Belgique devra provenir de sources d’énergie renouvelable (ER). Et cela ne s’arrêtera pas là. Différentes études et projections à longs termes ont été réalisées pour déterminer les objectifs de l’après 2020. Certaines d’entre elles avancent un objectif allant jusqu’à 100% en 2050. Sécurité d’approvisionnement et changement climatique resteront les deux défis majeurs de la politique énergétique au niveau mondial des prochaines décennies. Les ER ont un rôle crucial à jouer dans cette politique.

 

Déjà 13.000 emplois en Belgique


Pour atteindre ces objectifs ER, des systèmes spécifiques de soutien financier d’aide à la production renouvelable ont été mis sur pied.  Avec succès. En quelques années, la part des ER a triplé.  Cette évolution a entrainé la création d’un tissu industriel spécifique et a permis la création de nombreux emplois. Selon les estimations d’Agoria, environ 13.000 emplois ont été créés ces dernières années. Tous les types d’ER sont concernés et on parle ici d’emplois tant chez des fabricants d’équipements et de composants que chez des prestataires de services – installation, maintenance et conseil.  En sus, des clusters d’entreprises innovantes ont vu le jour, tels que le Cluster Tweed en Wallonie et Generaties en Flandre.

Selon nos prévisions, ce nombre pourrait plus que doubler d’ici à 2020, pour atteindre 33.125 emplois « verts ». En particulier, le secteur éolien est l’un des plus prometteurs. Aujourd’hui, 6.040 personnes travaillent en Belgique dans le secteur de l’éolien onshore et offshore. Ce nombre pourrait s’élever à 13.225 en 2020. Les autres filières ne sont pas en reste et continuent à se développer. Le photovoltaïque (PV) est aujourd’hui proche du « grid parity », ce qui devrait permettre un développement important de la filière et ce même après des réductions conséquentes du soutien financier. Quant à la chaleur verte (solaire thermique, pompes à chaleur, géothermie, cogénération biomasse, etc.), son développement ne fait que commencer.

Tout n’est pas rose pour autant. Les systèmes de soutien mis sur pied n’ont pas toujours été des plus efficaces en termes de rapport coûts-bénéfices. L’essor du PV résidentiel a été sous-estimé, non seulement en Wallonie mais également partout en Europe. Par conséquent, les autorités publiques doivent aujourd’hui adapter les mesures de soutien, entrainant de douloureuses discussions sur la répartition des coûts pour la collectivité. Les premières décisions du gouvernement wallon à cet égard vont dans la bonne direction : niveau de soutien financier adapté à la diminution du coût d’investissement, préservation de la compétitivité de l’industrie intensive en énergie ainsi qu’une meilleure valorisation industrielle et technologique du développement des ER. Mais il faut aller plus loin.

 

Agoria plaide pour une vision à longs termes partant de la nécessité de rester compétitif non seulement en termes de coûts mais aussi et surtout en termes d’offre technologique. Notre pays a un réel potentiel dans les ER et peut atteindre jusqu’à 33.000 emplois en 2020, à condition cependant de définir une politique industrielle qui voit loin.

 

Pour un soutien « cost efficient » et préservant la compétitivité

 

S’agissant du passé, il convient de remettre de l’ordre sur le marché des certificats verts. La bulle due à l’explosion du PV résidentiel devra être résorbée d’une manière ou d’une autre. Mais il s’agit d’y parvenir sans hypothéquer le futur et en tirant les leçons du passé. Il faut donc tendre à l’avenir vers un soutien plus efficace en termes de coûts couplé à de mécanismes de régulation permettant une intervention plus rapide en cas de dérapage, et ce afin d’éviter toute formation de nouvelles bulles.

 

Par ailleurs, la facture énergétique des entreprises faisant face à la concurrence internationale doit également faire l’objet de toutes les attentions. Nous nous trouvons actuellement dans une phase de transition où il est impossible de répercuter l’intégralité des coûts de la production d’ER sur la facture des entreprises intensives en énergie. À terme, l’offre croissante en ER fera diminuer le prix de marché de l’électricité en Europe (tendance déjà observée actuellement).

 

Développer l’offre technologique et les emplois verts

 

Mais surtout, il faut accentuer l’impact positif des mécanismes de soutien sur le développement de notre propre industrie. Des objectifs ambitieux en ER induisent une forte demande en technologies nouvelles. Cette demande massive en greentech constitue un formidable levier pour le développement d’une filière industrielle dans le photovoltaïque, l’éolien, la biomasse, … et ce sur l’ensemble de la chaîne de valeur ajoutée (R&D, manufacturing, installation, maintenance).

 

Les centaines de millions d’euros qui seront investis dans les ER à l’horizon 2020 seront-ils  mis à profit pour booster une offre technologique ou, au contraire, nous résignerons-nous à voir filer la majeure partie de ces investissements en importation de technologies étrangères. Ceci constitue l’enjeu majeur des années à venir : appuyons-nous sur les objectifs ambitieux en ER pour permettre à des PME actives dans les greentech de croître sur leur marché intérieur et d’être en mesure de se tourner vers la grande exportation !

Seule un telle politique permettra de garantir la poursuite du développement des ER et de viser 33.000 d’emplois en Belgique.

 

Frank Vandermarliere

Directeur du Centre d’expertise Énergie d’Agoria

 

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