Associations et pouvoirs publics - « Une nécessaire coopération conflictuelle », nous dit l'économiste Jean-Louis Laville

Ce 10 juin, SAW-B et l'Unipso organisaient un débat intitulé "Les associations entre ripostes aux pressions étatiques et incantations à l'innovation sociale".



L'économiste français Jean-Louis Laville y a notamment résumé l'imposant ouvrage dont il a dirigé la réalisation, ouvrage intitulé "Association et Action Publique" (ed. Desclée De Brouwer)


Au travers de plusieurs centaines de pages, les auteurs reviennent sur la situation délicate du monde associatif aujourd'hui. Problème particulièrement criant aussi à Bruxelles notammennt dans le secteur associatif environnemental (voir mon article précédent sur le sujet).

Ainsi, nous dit Jean-Louis Laville, les associations ont longtemps cru pouvoir répondre aux contraintes administratives croissantes en rencontrant les exigences des pouvoirs publics. Mais aujourd'hui, cette "professionnalisation gestionnaire" ne suffit plus car l'existence même des associations se confronte au projet néo-libéral.


En effet, le projet néo-libéral n'est pas un projet économique, poursuit-il, mais est un projet de limitation de la démocratie car, pour les partisans et théoriciens du modèle néo-libéral, l'action citoyenne et les associations, en tant qu'éléments de la démocratie, gênent la concurrence.

Cela se traduit par des pouvoirs publics, intégrant la contrainte néo-libérale, qui cantonnent de plus en plus les associations dans un rôle de prestataires de services, potentiellement mis en concurrence.


Face à ce constat, quelle riposte possible?


Pour Laville, s'appuyant sur son analyse française et internationale, c'est au travers du détournement des injonctions administratives que l'innovation démocratique doit être possible. Au travers de cette innovation, de sa visibilisation, et du renforcement de la capacité de dénonciation du monde associatif, ses acteurs "regagneront" le "respect" des pouvoirs publics et restaureront un rapport de force plus équilibré. Cette "coopération conflictuelle" semble donc être la seule perspective possible. Elle doit notamment s'appuyer sur une meilleure mise en évidence de la contribution du secteur à l'intérêt général. Elle doit également amener les autorités publiques à reconsidérer leurs indicateurs de performance en intégrant les dimensions sociales et qualitatives.

 

« Mourir dans le silence ou reprendre la parole », voilà donc le choix auquel est confronté le monde associatif aujourd'hui. A présent, il doit reprendre la parole, riposter, résister, coopérer et surtout s'organiser pour ce faire. Il en va de la richesse de notre démocratie car seules les dictatures sont silencieuses...

 

Associations et pouvoirs publics - « Une nécessaire coopération conflictuelle », nous dit l'économiste Jean-Louis Laville
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